Les scientifiques sont unanimes : l'homme est responsable d'une nouvelle phase d'extinction des espèces sur terre. Une à trois espèces végétales et animales disparaissent chaque heure, contre une disparition par an au rythme naturel. Cette érosion accélérée de la biodiversité est causée par le morcellement du territoire et des zones naturelles par les réseaux de déplacement et de communication, la destruction et la disparition par manque d'entretien d'habitats naturels, les pollutions de l'eau, de l'air et des sols. L'aménagement d'un jardin ou d'un parc peut intégrer ces problématiques en suivant quelques principes. Et c'est dès les premiers "coups de crayons" que la préservation de la biodiversité doit être intégrée.

Objectif : réduire l’emploi des produits phytosanitaires

Les produits phytosanitaires, et parmi eux les pesticides, sont des produits de traitement destinés à tuer les insectes (insecticides), les herbes (herbicides), à lutter contre les maladies (fongicides), ou à se débarrasser de divers animaux jugés nuisibles.

Avec plus de 100 000 tonnes utilisées chaque année, la France est le 1er consommateur européen et le 3ème consommateur mondial de produits phytosanitaires derrière les États-Unis et le Japon. Sur ces 100 000 tonnes, environ 94 % sont destinées à l'agriculture, 3 % aux collectivités, administrations (DDE) et SNCF et 3 % aux jardiniers amateurs. Si les quantités utilisées par les collectivités sont nettement inférieures à celles utilisées en agriculture, les lieux d'application (bords de routes, surfaces de ruissellement, fossés, grilles d'égout,…) sont particulièrement générateurs d'une pollution plus directe de la ressource en eau. Les hébergements touristiques disposant d’un parc ou d’un jardin sont également concernés par cette question : des principes de conception différents permettent de limiter le besoin d’utilisation de ces produits en favorisant la diversité des espèces.

Les principaux éléments du jardin naturel

Il est possible de préserver et de favoriser la faune et la flore lors de la création d’un parc ou d’un jardin au sein d’un hébergement touristique. Sans entrer dans les détails, voici les principaux éléments du jardin naturel à structurer en respectant quelques principes :

• La haie champêtre, avec ses 3 strates (arborée, arbustive et herbacée) ;
• Le bosquet (la haie mais en plus grand ! Avec une lisière forestière) ;
• La mare naturelle (en pente douce, avec une flore locale et surtout n'introduisez pas d'animaux !) ;

mare.jpg  
Mare aménagée pour favoriser la réinsertion des tritons et autres batraciensMare aménagée pour favoriser la réinsertion des tritons et autres batraciens

• Les pelouses et prairies naturelles : la grande différence est la hauteur de végétation, à adapter selon les usages du site ;
• Le muret de pierres sèches : pour les sedums et les lézards par exemple, les abeilles sauvages appréciant aussi de nicher dans les petits trous des façades ;
• Les plantes grimpantes : sur les murs, dans la haie et sur les arbres (qu'elles n'étouffent pas !) ;
• Les nichoirs et mangeoires : les petits plus pour une faune en difficulté lors des hivers rigoureux ;  

nichoir1.jpg

nichoir2.jpg

nichoir3.jpg

• Les tas de branches et de bois mort : pour les insectes décomposeurs (vitaux pour les écosystèmes) et pour certains oiseaux comme le troglodyte.

La démarche de composition

Avant toute action d'aménagement et de construction, il convient de repérer les zones naturelles (les prairies naturelles, les friches, les zones humides...), notamment les plus fragiles et les plus précieuses. Il faudra définir ensuite les usages de chacune des zones du site. C'est l'objectif du diagnostic : l'analyse du site doit être prise en compte pour préserver les habitats naturels et les richesses écologiques identifiés. Sinon, en dernier recours, des aménagements de compensation sont à prévoir (recréer des habitats naturels ailleurs pour remplacer ceux qui auront été détruits par les aménagements). 

La création du plan paysager ou du schéma du jardin suit une série d’étapes s’appuyant sur l'assemblage des éléments clés du "jardin naturel" :

1. Installer un écrin général, un cadre : la haie champêtre, Hôtel à insectes pour assurer leur présence lors d  
   Hôtel à insectes pour assurer leur présence lors de la pollinisationHôtel à insectes pour assurer leur présence lors de la pollinisation
2. Ajouter quelques arbres et arbustes, seuls ou en bosquet,
3. Localiser une mare naturelle,
4. Recréer un muret de pierre sèche,
5. Localiser les plantes grimpantes,
6. Placer des tas de bois par-ci par-là,
7. Organiser des plates-bandes,
8. Combler les interstices avec la pelouse ou la prairie fleurie. Organiser aussi une prairie fleurie ou une friche dans un coin du jardin,
9. Placer judicieusement des nichoirs, mangeoires et abreuvoirs,
10. Organiser des allées, des cheminements avec des matériaux rustiques, respectant l'identité du site : pelouse, mulch... 
11. Disposer un mobilier rustique s'intégrant au paysage local.

​

Tas de bois pour favoriser la biodiversité   Tas de bois pour favoriser la biodiversité Tas de bois pour favoriser la biodiversité

Une gestion différenciée pour la tonte du gazon fa   Une gestion différenciée pour la tonte du gazon favorise la biodiversité (voir fiche dédiée)Une gestion différenciée pour la tonte du gazon favorise la biodiversité (voir fiche dédiée)

Une gestion différenciée pour la tonte du gazon fa

Utiliser les plantes locales

Elles sont rustiques, donc adaptées au climat et au sol locaux. Elles demanderont moins d'eau et moins de soins (notamment moins, voire aucun traitement chimique). Elles attirent une faune inféodée, auxiliaire du jardinier, limitant les maladies et parasites. L’utilisation de ces variétés locales et sauvages reconstitue les chaînes alimentaires naturelles. Il suffit simplement de répertorier et d’identifier ce qui pousse dans la campagne voisine pour faire ses choix.

Sur les territoires des Parcs naturels régionaux de l'Avesnois et de Scarpe-Escaut, les techniciens peuvent apporter des conseils personnalisés à l'aménagement extérieur, notamment dans le cadre de l'opération "Plantons le décor" (conseils en plantations d'essences régionales). 

Voici une liste non exhaustive de végétaux donnée à titre indicatif :

Arbres

• Charme : Carpinus betulus
• Chêne pédonculé : Quercus robur
• Chêne sessile : Quercus petraea
• Aulne glutineux : Alnus glutinosa
• Erable champêtre : Acer campestre
• Frêne : Fraxinus excelsior
• Hêtre : Fagus sylvatica
• Saule blanc : Salix alba

Chêne pédonculé : Quercus robur   Chêne pédonculé : Quercus roburChêne pédonculé : Quercus robur

Aulne glutineux : Alnus glutinosa   Aulne glutineux : Alnus glutinosaAulne glutineux : Alnus glutinosa

Arbustes

• Cornouiller sanguin : Cornus sanguinea
• Bourdaine : Frangula alnus
• Fusain : Evonymus europaeus
• Noisetier : Corylus avellana
• Viorne obier : Viburnum opulus

Viorne obier : Viburnum opulus   Viorne obier : Viburnum opulusViorne obier : Viburnum opulus

Bourdaine : Frangula alnus   Bourdaine : Frangula alnusBourdaine : Frangula alnus

 Herbacées

• Achillée millefeuille : Achillea millefolium
• Marguerite : Leucanthemum vulgare
• Salicaire : Lithrum salicaria
• Bugle rampant : Ajuga reptans
• Epilobe en épi : Epilobium angustifolium
• Millepertuis perforé : Hypericum perforatum

Achillée millefeuille : Achillea millefolium   Achillée millefeuille : Achillea millefoliumAchillée millefeuille : Achillea millefolium

Bugle rampant : Ajuga reptans   Bugle rampant : Ajuga reptansBugle rampant : Ajuga reptans

Composer un jardin en mosaïque

L’un des principes de création d’un jardin riche en biodiversité réside dans la disposition des espaces où chaque milieu naturel est agencé de façon à communiquer et échanger avec son/ses voisin(s). Pour cela il s’agit de :

• Diversifier au maximum les habitats : du boisement au tas de bois en passant par la mare, la prairie fleurie et la haie champêtre,
• Créer des zones de transition et des corridors biologiques,
• Organiser ces différents habitats de façon qu'ils communiquent ou interagissent entre eux. Créer des zones tampons comme la lisière forestière ou l'ourlet herbeux au pied de la haie. Ces zones de hautes herbes assureront la liaison entre la haie et la pelouse par exemple.

Au final, avec une telle organisation en mosaïque, la diversité biologique est favorisée et plus importante.

Jardin naturel   La composition en mosaïque, principe de base du jardin naturelLa composition en mosaïque, principe de base du jardin naturel

Principales recommandations avant d'aménager

Avant toute action d'aménagement et de construction, il convient de repérer les zones naturelles (les prairies naturelles, les friches, les zones humides...), notamment les plus fragiles et les plus précieuses. Il faudra définir ensuite les usages de chacune des zones du site (voir la rubrique « Diagnostic »).

Dans le Nord, il est important de maintenir les habitats des chauves-souris : cette espèce protégée aime se reproduire dans les greniers, combles et interstices des toitures et hiverner dans les caves.

Ne défricher que les zones qui en ont vraiment besoin ! Garder certaines zones à l’état naturel est un atout pour la biodiversité et l’équilibre du site : lieux de nidification, de montées en graines, de tranquillité, de nourrissage, gîte, lieux de découverte et d'observation. Le diagnostic apporte les éclairages nécessaires à ce sujet et évite bien des erreurs. Il renseigne sur les zones à préserver et sur celles qui pourront être aménagées suivant des principes durables.

Consulter aussi l'article "Maitriser les terrassements et les défrichements"

Sites Internet

A lire